Le burn out parental est une problématique grandissante dans notre société, où les parents sont soumis à des pressions multiples et parfois contradictoires. Entre les responsabilités familiales, professionnelles et sociales, le sentiment d’épuisement peut s’installer insidieusement. Ces injonctions « il faut », « je dois » prenant peu à peu une dimension accablante. D’autant plus pour les femmes prises dans le tourbillon de multiples standards éreintants dont nous ne sommes malheureusement toujours pas sortis.
Selon une étude récente publiée dans Frontiers in Psychology, 60 % des parents déclarent ressentir un stress intense au moins une fois par semaine, et 5 % développent un burnout parental avéré. Ainsi, il s’agit là d’un véritable enjeu de santé public qui s’intensifie chaque année.
En tant que coach spécialisée dans l’accompagnement du burn out, j’accompagne de nombreux parents confrontés à ce phénomène. En effet, un burn out déclenché sur le terrain professionnel trouve souvent des racines dans les difficultés familiales et inversement.
Alors peut-on vraiment faire la différence entre burn out parental et burn out professionnel ? Dans de nombreuses situations, il est parfois difficile d’isoler le fait précurseur tant l’étiologie (=étude des causes) du burnout est étendue. Le méandre de causalités entremêlées est d’ailleurs un casse-tête pour certains psychiatres ou psychologues, d’autant plus s’ils ne sont pas spécialisés dans le burn out.
Dans cet article, vous apprendrez à repérer les signes. Et aussi, nous explorerons les mécanismes du burn out parental, son impact sur la vie professionnelle et les risques d’une absence de prise en compte de cet épuisement. Nous proposerons également des solutions concrètes pour retrouver un équilibre durable.
Burn out parental : quels sont les signes ?
Le burn out parental s’installe progressivement et il est parfois difficile d’en identifier les signes. Voici une liste de symptômes courants qui peuvent vous aider à vous auto-évaluer. Si vous vous reconnaissez dans plusieurs de ces signes, il est essentiel de consulter un professionnel, de vous entourer et d’oser en parler, que ce soit avec un psychologue ou un coach spécialisé. Une première rencontre peut être l’occasion de déposer vos émotions et de faire le point sur votre situation pour trouver des solutions concretes.
Symptômes cognitifs :
- Difficulté à vous concentrer ou à prendre des décisions.
- Oublis fréquents et sensation de confusion mentale.
- Impression d’être constamment submergé par les tâches quotidiennes.
Signes physiques :
- Fatigue persistante, même après une nuit de sommeil.
- Troubles du sommeil (insomnie ou réveils nocturnes fréquentes).
- Maux de tête, douleurs musculaires ou troubles digestifs inexpliqués.
- Problèmes dermatologiques
Manifestations émotionnelles :
- Sentiment d’irritabilité ou de colère disproportionnée.
- Épuisement émotionnel face aux demandes de vos enfants.
- Sentiment de détachement, comme si vous n’arriviez plus à ressentir de plaisir dans votre rôle de parent.
- Culpabilité ou honte liées à l’impression de ne pas être « à la hauteur ».
Burn out parental : à quoi est-il dû ?
Le burn out parental peut être défini comme un état d’épuisement physique, mental et émotionnel résultant d’une surcharge prolongée liée aux responsabilités parentales. Pour comprendre son origine, il est essentiel de décortiquer le stress chronique et ses effets sur le corps.
La mécanique du stress et ses effets
Le stress est une réaction naturelle du corps face à une situation perçue comme une menace, un danger, un problème. Cette réaction engage le système nerveux autonome sympathique, libérant des hormones telles que le cortisol et l’adrénaline. Ces substances permettent une réponse rapide pour affronter un danger immédiat.
Cependant, lorsque ce stress devient chronique, comme c’est souvent le cas dans les situations parentales exigeantes, il perturbe les mécanismes hormonaux et physiologiques. Un excès de cortisol peut entraîner :
- Fatigue intense et persistante.
- Troubles cognitifs (mémoire de court terme impactée, difficulté de concentration, procrastination, désorganisation, difficultés à gérer les émotions)
- Réduction de l’efficacité du système immunitaire
- Troubles du sommeil
- Dérèglements métaboliques (problèmes gastro intestinaux, soucis dermatologiques, dérèglements hormonaux, douleurs, …)
Les parents, confrontés à des défis permanents (organisation, planification, gestion des émotions des enfants, manque de sommeil…), subissent souvent une activation continue de ce système nerveux autonome sympathique. Cela entraîne un épuisement qui se manifeste par des symptômes physiques et cognitifs.
Les exigences émotionnelles et leur impact hormonal
Un aspect central du burnout parental réside dans les exigences émotionnelles, souvent sous-estimées. Ces exigences incluent :
- Nécessité de répondre aux besoins émotionnels des enfants.
- Gestion des crises (pleurs, colères) tout en restant calme.
- Pression pour incarner un modèle parental idéal.
Ces pressions à être le parent idéal sont continuelles dans notre société. De plus l’exercice est encore plus difficile pour les femmes qui évoluent dans un univers de standards aux exigences plus élevées, notamment sur le plan parental. Les tendances et exigences éducatives (Education Montessori, éducation bienveillante, alimentation bio, éveil sur de multiples activités) bien que vertueuses multiplient les injonctions pour les parents.
En conséquence, ces sollicitations activent non seulement le système nerveux autonome sympathique, mais modifient également la sécrétion de certaines hormones. La vasopressine, par exemple, qui joue un rôle dans le lien affectif, peut devenir dysfonctionnelle en cas de stress prolongé, entraînant des difficultés à ressentir de l’empathie ou à établir des connexions émotionnelles. La diminution de l’ocytocine, souvent appelée « hormone de l’amour », peut également provoquer un sentiment de détachement émotionnel, l’un des symptômes les plus douloureux du burnout parental.
Burn out parental : les impacts sur la vie professionnelle
Le burnout parental déborde inévitablement sur la vie professionnelle, créant une spirale d’épuisement encore plus difficile à rompre.
Une double charge mentale insoutenable
Les parents en burn out sont souvent pris dans une double charge mentale : celle de leur travail et celle de leur vie familiale. Je le vois au quotidien dans mes accompagnements, cette situation peut entraîner une accumulation d’erreurs, un manque d’organisation et une baisse de productivité. Une étude de Mikolajczak et Roskam (2020) a montré que les parents épuisés rapportaient une diminution significative de leur performance professionnelle, accompagnée d’un risque accru d’absentéisme.
En contrepartie, pour tenter de maintenir le navire à flots, les parents travaillent plus longtemps, ajoutent des tâches sur des to do list à rallonge et creusent ainsi la dette de fatigue. Tout en continuant de sursolliciter les mécanismes du stress décrits plus hauts en maintenant une hypervigilance permanente. Le cercle vicieux est alors en place et très difficile à arrêter.
Les relations professionnelles sous tension
Le burn out parental affecte également les interactions sociales au travail. L’irritabilité, la perte de patience ou encore une hypersensibilité émotionnelle peuvent entraîner des conflits avec les collègues ou les supérieurs. Ces tensions s’ajoutent à un sentiment d’isolement croissant, un facteur aggravant l’épuisement.
Un cercle vicieux entre surengagement familial et épuisement professionnel
Le surengagement familial pousse souvent les parents à chercher des compensations au travail, espérant regagner un sentiment de contrôle ou de compétence. Ce mécanisme, bien que nourrissant le circuit de la récompense (activation de dopamine) peut cependant entraîner une amplification de la fatigue et exacerber le sentiment d’échec, renforçant le burnout parental. Un cercle vicieux dont les parents épuisés ont toutes les peines à s’extraire quand il est installé.
Burn out parental : les risques de ne pas réagir à temps
Les conséquences sur la santé physique
Un stress chronique et non traité peut provoquer des troubles graves. J’ai pu le constater à de nombreuses reprises durant mes accompagnements. Avec l’équipe de médecins avec laquelle je travaille, nous luttons au quotidien contre ces risques aux séquelles parfois très lourdes. Les décompensations physiques et psychiques peuvent parfois avoir de graves conséquences si on ne réagit pas à temps.
- Maladies cardiovasculaires : L’hypertension induite par le stress est un facteur de risque majeur.
- Troubles métaboliques : Le cortisol altère la régulation de l’insuline, augmentant les risques de diabète.
- Syndromes inflammatoires : Les niveaux élevés de stress affectent les réponses inflammatoires, favorisant des maladies auto-immunes.
- Troubles cognitifs : Ralentissement, voire dégradation forte des capacités cognitives rendant parfois la personne inapte à son travail jusqu’à l’invalidité pour les troubles les plus graves.
Un exemple marquant est celui d’une maman que j’ai reçue en consultation après plusieurs mois d’errance médicale pour comprendre d’où venait ses troubles de la mémoire et de la parole alors que ses IRM ne montrait aucune anomalie. Dans ces situations, des rééducations de 6 à 24 mois sont parfois nécessaires pour permettre au cerveau et au corps de se réparer. Ainsi, en réagissant à temps, on s’évite un parcours médical énergivore et couteux ainsi qu’un risque de précarisation sur le plan professionnel. En effet, de nombreux brun out non traités ou pris trop tard mènent parfois jusqu’à l’invalidité.
Les effets sur la santé mentale et la stabilité familiale
Sur le plan psychologique, le burnout parental peut évoluer vers des troubles anxieux, des dépressions sévères, voire des pensées suicidaires. Ignorer ces signaux peut compromettre gravement le bien-être global, tant pour le parent que pour la famille. J’ai malheureusement constaté les impacts sur la stabilité du couple notamment. On compte en effet de nombreux divorces consécutifs à un burn out parental, ou un burn out professionnel.
Agir pour se soigner
Je le vois au quotidien, un burn out parental ou professionnel pris à temps permet d’éloigner ces risques. Un accompagnement au plus tôt est souhaitable pour trouver des solutions concrètes et pratiques rapidement. Le plus urgent est de mettre le corps en sécurité. On vise notamment des pratiques psychocorporelles permettant d’activer le système nerveux autonome parasympathique.
Par la suite, un travail de remédiation cognitive qui va permettre de travailler sur les croyances et les schémas est crucial. Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont d’ailleurs recommandées. L’hypnose peut aussi parfois aider à travailler en profondeur pour désactiver des conduites pathogènes ou traumas.
Vous pouvez nous contacter pour organiser une première séance de discussion visant à établir un diagnostic de la situation ainsi qu’une feuille de route des actions de sécurisation à mettre en place.
Nous proposons également un parcours à distance composé de livrets de travail, de séances audio, de diagnostics. Ce parcours représente un excellent premier pas pour prendre du recul sur votre situation et trouver des solutions concrètes pour retrouver l’équilibre.
Si votre situation a conduit à un arrêt de travail et que vous cherchez des solutions pour gérer votre arrêt ou négocier une rupture avec votre employeur, des ressources administratives et juridiques sont disponibles sur notre site.
Le burn out parental est une réalité douloureuse, mais il est possible d’y remédier. Reconnaitre ses limites, accepter de demander de l’aide et utiliser des outils adaptés permettent de sortir de l’épuisement et de bâtir une vie plus équilibrée. En travaillant sur leur bien-être, les parents découvrent qu’ils peuvent non seulement mieux se comprendre eux-mêmes, mais aussi améliorer leurs enfants. C’est ce que je constate le plus souvent à la fin de mes accompagnements : une famille plus unie et épanouie évoluant dans un « système » sécurisant pour chacun de ses membres.
Si vous vous reconnaissez dans ces descriptions, je vous invite à explorer les ressources disponibles sur notre site.
Le burn out parental n’est pas une fatalité. Ensemble, nous pouvons transformer cette épreuve aux impacts parfois foudroyants en un levier de changement positif, pour vous et pour votre famille.
