Comment diminuer la charge mentale dans le couple ?

16 Déc 2020

La charge mentale ­­– terme popularisé en France par la BD d’Emma en 2017 – est ce travail d’organisation et de gestion constant, souvent lié au foyer, qu’on ne peut supprimer et qui grignote peu à peu tout notre temps et notre énergie. Mais il est possible de s’en défaire en mettant à plat son organisation et celle de son couple.

Comment mieux vivre cette charge, retrouver de l’harmonie au sein de son couple et aussi du temps pour soi ? Voici une méthode en 3 étapes qui vous permettra de redistribuer de façon saine et apaisée les responsabilités au sein de votre couple.

Qu’est-ce que la charge mentale ?

La charge mentale est « ce travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence » (François Fatoux, Et si on en finissait avec la ménagère ?, Belin, 2014).

La sociologue Monique Haicault a aussi travaillé sur ce concept et a publié un article, « La gestion ordinaire de la vie en deux». Il est intéressant de voir qu’elle fut l’une des premières à reconnaître la sur implication des femmes dans ce qui est ensuite entré dans le langage commun comme la « double journée ». Le concept existe donc depuis de nombreuses années, mais n’a été popularisé que depuis quelques années, notamment en France avec la BD « Fallait demander » d’Emma.

Charge mentale BD Emma
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Et au rythme où vont les choses, l’égalité risque de ne pas être atteinte dans les prochaines années : François Fatoux, délégué général de l’Observatoire sur la responsabilité sociétale des entreprises, a étudié les données de l’Insee et en a conclu que l’égalité au niveau domestique ne sera atteinte qu’en 2460. Pardon ?

Pourquoi il est important d’en parler à son partenaire ?

La dernière étude de l’Insee a malheureusement montré que l’avancée vers l’égalité se fait à pas bien lents. En 2011, les femmes effectuaient, par exemple, 71 % des tâches liées aux enfants, contre 80 % il y a vingt-cinq ans. Malgré l’éducation et les changements de mentalité, l’égalité est encore bien loin.

Et pourtant, se dégager de la charge domestique est le levier principal des femmes pour réussir à obtenir une véritable égalité de droits notamment au niveau salarial. Les femmes ayant réussi en témoignent. Le discours Ted Talk donné en 2010 par Sheryl Sandberg est particulièrement édifiant sur ce point. Elle cite un point d’action fondamental pour faire bouger les choses : « Faites de votre partenaire un vrai partenaire. »

Charge mentale : un changement de paradigme serait possible

Après de nombreuses recherches et études des différents systèmes en dehors de nos frontières, je suis arrivée à une conviction. Les inégalités au sein d’un couple avec enfant(s) s’expliquent en grande partie par la durée insuffisante du congé paternité. Ce congé paternité trop court – et encore faut-il qu’il soit pris – fait reposer sur la mère, déjà bien éprouvée par un accouchement, une très grande majorité de la charge domestique.

Mécaniquement, cette organisation a pour conséquence le fait que l’homme se trouve exclu et déchargé de ces nouvelles tâches. Ici, je ne stigmatise pas l’homme, mais dénonce le système qui conditionne, dès l’arrivée d’un enfant, les rôles de chaque sexe.

Comment l’homme peut-il trouver sa place dans cette nouvelle unité familiale en 14 jours (bientôt 28 jours à partir de juillet 2021 – ce qui constitue encore une durée trop courte pour solutionner les problématiques d’équilibre de partage égalitaire de la charge domestique) – sous réserve que son employeur le laisse poser son congé paternité en entier –, alors que la femme aura plusieurs mois pour apprendre à connaître son enfant et à s’occuper de lui ?

Dès lors, la mère deviendra pour son ou ses enfant(s) la référente, et ce sera elle et non son compagnon qui sera sollicitée à chaque besoin, creusant un peu plus les inégalités. Cette analyse se vérifie par les chiffres : les inégalités de répartition de la charge domestique au sein des couples avec enfant(s) sont bien moindres dans les pays où le congé paternité est obligatoire et plus long comme la Norvège, la Suède, le Danemark, la Finlande ou encore l’Espagne.

Et l’homme y trouverait aussi un intérêt, au même titre que toute la famille. Les sociologues et les chercheurs avancent qu’une plus grande implication des pères dans leur foyer permettrait notamment de meilleurs résultats scolaires et une meilleure santé psychique de leurs enfants, de leur conjointe, mais aussi d’eux-mêmes, via un sentiment d’accomplissement personnel accru.

Étape 1 : faire un état des lieux avec son partenaire

Pour ne pas en arriver aux situations prises de tête parfaitement retranscrites par Emma dans sa BD, exprimez chacun vos perceptions de la situation, mais aussi les points positifs que vous voyez à votre organisation actuelle. Cette étape consistera notamment à faire le point sur l’ensemble des tâches du foyer, à les évaluer en termes de durée, de fréquence, de difficulté et de fatigue qu’elles représentent pour chacun.

Lors de ce bilan, ne comptez pas les points, ne fustigez pas votre compagnon s’il en fait moins que vous. Contentez-vous de dresser un état des lieux neutre et objectif qui servira à chacun de socle de réflexion. Ensuite, exprimez chacun vos attentes à l’égard de la nouvelle organisation. Qu’auriez-vous à y gagner ? Cela aura le mérite de verbaliser clairement les attentes, mais aussi de créer un élan de motivation pour travailler ensemble sur cette nouvelle répartition des tâches.

Repartez chacun avec des axes de travail et laissez-vous quelques jours à une semaine pour digérer ces informations. À l’issue de cette discussion, si la conclusion est que vous en faites plus/trop, réfléchissez-y au calme :

  • Quelles sont les circonstances qui vous ont conduite à cette répartition ?
  • Quelles injonctions vous ont poussée à donner davantage à l’espace domestique ?
  • Et à l’inverse, concernant votre partenaire, pourquoi est-il en retrait ?
  • Quelles sont les raisons qui l’empêchent de prendre davantage de responsabilités ?
  • Est-ce parce qu’il a peur de mal faire ?
  • Est-ce parce qu’il ne sait pas faire ?

Si votre partenaire est réfractaire à toute discussion, un passage par la case pédagogie peut être nécessaire. L’auteure Claire Delaporte a publié à cet effet un Petit carnet à l’usage des hommes qui ont une toute petite charge mentale et publié un article dans le Huffington Post.

Étape 2 : mettre en place une nouvelle organisation

La deuxième discussion a pour but de faire un débriefing des réflexions de chacun pour aboutir à une nouvelle organisation. Pour chaque tâche devra figurer un responsable. L’autre personne ne devra ni superviser ni vérifier la prise en charge ou l’exécution de cette tâche. C’est à ce prix que vous réussirez à vous libérer complètement de la charge mentale.

Plus vous formaliserez les choses à l’écrit sous forme de liste ou de tableau, plus vous aurez de chances que cette nouvelle organisation s’installe pour de bon. Pour chaque évolution dans la répartition des tâches, veillez cependant à convenir de garde-fous organisationnels.

Votre conjoint ne peut pas simplement dire qu’il va prendre en charge une tâche ou une autre, il doit vous expliquer comment il compte l’intégrer à son emploi du temps. Cela vous rassurera sur le fait que la tâche sera effectivement prise en charge, mais permettra aussi à votre conjoint de se projeter dans la réalisation concrète de celle-ci. Appliquez-vous exactement les mêmes règles.

Étape 3 : faire un bilan de la nouvelle organisation et faire les ajustements nécessaires

Quelques semaines plus tard, prévoyez une nouvelle discussion pour faire un premier retour d’expérience. Commencez par un « tour de table » en veillant à bien vous écouter mutuellement, sans jugement.

Examinez les ressentis ; les vôtres, mais aussi ceux de votre conjoint. Prenez d’abord le temps de vous féliciter l’un et l’autre sur ce qui fonctionne. Votre partenaire aura certainement pris plus de choses à son compte qu’auparavant, et même si tout ne sera peut-être pas encore parfait, son implication sera réelle et vous devrez l’en féliciter.

Ensuite, faites le point sur ce qui ne fonctionne pas et tentez d’en trouver ensemble les raisons. Le but est de comprendre les blocages qui empêchent la mise en place de certaines nouvelles habitudes. Répétez ces séances tous les trimestres et veillez à maintenir un bon niveau de communication entre vous.

L’organisation est à la base de l’épanouissement personnel et professionnel. Si vous vous sentez surmené et épuisé et que cela affecte votre moral, n’attendez pas que le burn-out s’installe (lire notre article Eviter le burn-out : les symptômes à ne pas laisser passer. Nous pouvons en une ou deux séances faire le point sur votre charge mentale et vous aider à mettre en place un nouveau système d’organisation.

Je suis coach et formatrice et je vous aide à surmonter des épreuves et challenges professionnels

Emmanuelle Wyart Coach Formatrice épanouissement professionnel

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