Se débarrasser du syndrome de l’imposteur en 3 étapes

17 Déc 2020

Le syndrome de l’imposteur – aussi appelé syndrome de l’autodidacte – est un trouble qui empêche la personne qui en souffre de réussir à s’approprier ses réussites. Par un phénomène d’attribution externe (réussite expliquée par la chance, des circonstances facilitantes ou une aide extérieure surévaluée), la personne est incapable de reconnaître sa valeur et va se percevoir comme un dupeur.

La conséquence directe est le développent d’une anxiété constante à l’idée d’être un jour découvert. Cette posture peut mener à une perte de confiance en soi et à un trouble anxieux généralisé. Voici une solution en 3 étapes pour sortir de l’engrenage du syndrome de l’imposteur.  

Qu’est-ce que le syndrome de l’imposteur ?  

Le syndrome de l’imposteur a été initialement posé par les psychologues cliniciennes Pauline Rose lance et Suzanne Imes en 1978. D’après les différentes études et selon le journal Behavioral science, 60 à 70% de la population pourrait souffrir à un moment de sa vie de ce syndrome. Si une grande partie des salariés ou entrepreneurs parviennent à se défaire de ce syndrome facilement, on estime qu’un cinquième d’entre eux développerait un syndrome de l’imposteur sur le long terme avec des conséquences invalidantes.

En effet, les personnes qui en souffrent seraient pilotées par un sentiment d’infériorité ne leur permettant pas de mettre en avant leur travail, de demander de l’avancement ou de provoquer des évolutions de carrière. Ces personnes vivent dans un doute constant de leur capacités qui s’accompagne d’une baisse d’estime personnelle, d’une grande anxiété et d’une hypervigilance épuisante sur le long terme.  

Comment savoir si on souffre du syndrome de l’imposteur ?  

Vous arrive-t-il de vous dire que vous avez réussi un dossier / un projet / une vente parce que c’était « facile » ? Pensez-vous souvent que les compliments qui vous sont adressés ne sont pas sincères ?

Attribuez-vous plutôt vos réussites à un travail acharné ou un investissement plus important plutôt qu’à vos aptitudes ou à vos talents personnels ? En faites-vous souvent plus que les autres pour compenser et ne pas être « démasqué » – ou au contraire moins pour éviter d’être déçu de vos performances que vous jugez de toute façon médiocres ? 

Que vous soyez dans une stratégie de surinvestissement ou de sous-investissement, si vous avez répondu oui à au moins deux questions, il est fort possible que vous souffriez de façon chronique du syndrome de l’imposteur. Si vous souhaitez aller plus loin , nous vous proposons de vous situer dans ce syndrome, il est possible de passer le test via l’échelle de Clance.

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Le syndrome de l’imposteur, illustration (Henri Rouillier, inspiré de Ken Lindow).

Qui souffre du syndrome de l’imposteur ? 

Les haut potentiels aussi dits surdoués ou zèbres 

Ces personnes aux capacités intellectuelles atypiques souffrent de façon majorée du syndrome de l’imposteur. D’abord, ces personnes aux capacités intellectuelles hors norme (pas forcément au sens de supérieur mais de différent) peuvent ressentir une sensation de décalage avec leur environnement qui peut provoquer le développement d’une trame narrative négative (« je ne suis pas comme les autres, donc je suis bête »).

De plus, il peut arriver – selon les environnement – que ces personnes ne soient pas comprises ou remarquées pour leurs performances atypiques, insinuant chez elles la croyance erronée que ces aptitudes sont normales, voie « inutiles ».

De plus ce syndrome peut s’installer de façon plus précoce chez ces personnes, dès l’enfance, ce qui le rend encore plus difficile à déloger. En effet, les bons résultats deviennent une performance normale pour les parents et professeurs de ces enfants à haut potentiel qui de fait, reçoivent au fil du temps de moins en moins de félicitations – renvoyant indirectement l’idée qu’une bonne performance est normale et que seule compte l’excellence.  

Les perfectionnistes 

les personnes animées par un haut niveau de professionnalisme et un souci développé du détail sont plus susceptibles de souffrir du syndrome de l’imposteur. Elles ont un regard aiguisé et exigeant sur leur contribution et sont rarement parfaitement satisfaites d’elles-mêmes, ce qui les pousse à s’auto-dévaluer de façon fréquente.  

Les femmes 

Les femmes souffrent plus fréquemment du syndrome de l’imposteur que les hommes en raison de ce que l’on appelle le perfectionnisme féminin « induit ». Le Ted Talk donné par la cheffe des opérations de Facebook, Sheryl Sandberg est d’ailleurs très éclairant sur cette problématique, grâce à des exemples concrets illustrant les capacités d’autodénigrement des femmes et l’impact de cette attitude sur leur façon de se positionner sur le marché du travail.  

Pourquoi le syndrome de l’imposteur est-il plus développé chez les femmes que chez les hommes ? 

La raison est que les femmes sont rentrées « en contre » sur le marché du travail, un monde créé à l’origine par les hommes, pour les hommes. Un monde dans lequel on leur fait encore sentir qu’on leur fait une faveur de les y accepter (en témoigne les inégalités salariales qui perdurent et peuvent atteindre 30% dans certains secteurs comme celui de la banque). Mais pourquoi les femmes se sentent-elles si illégitimes ?

L’une des explications des chercheurs explorées dans l’ouvrage Les femmes peuvent-elles être de grands hommes ? est la suivante : il est difficile de se sentir légitime et à sa place dans des positions qui sont le plus souvent occupées par des hommes. Et la question en revient à « Comment être ce qu’on ne voit pas ? ». 

Les chiffres livrés dans l’ouvrage de Christine Détrez parlent d’eux-mêmes : 72 % des créateurs d’entreprise sont des hommes, 97 % des P-DG sont des hommes, seulement 35 % des expertes invités à la radio et la télévision sont des femmes[3], l’écart salarial est de 23 % au global et de 9 % à poste et compétence identiques (ce chiffre avoisine les 30 % sur des fonctions de cadre), une Palme d’or décernée à une femme en 72 éditions du Festival de Cannes, 16 % du temps d’antenne sportif est consacré à des femmes, 86 % des unes de presse quotidienne sont consacrées à des hommes, 97 % des rues parisiennes portent un nom d’homme, dans les manuels scolaires seuls 6,1 % des personnages célèbres recensés sont des femmes… Et la liste est infinie. 

À la lumière de ces chiffres, je comprends d’autant mieux ce que me livrent en séance les femmes brillantes et haut placées que j’accompagne : « Un jour, on va voir que je suis nulle », « Je suis arrivée là par chance », « Ce poste est trop gros pour moi, quelqu’un va forcément s’en rendre compte ou alors je vais faire une erreur », « Je suis sûre que tout le monde pense que j’ai eu le poste parce que j’ai été pistonnée ».

Ces croyances négatives vont pousser les femmes à donner toujours plus d’elles-mêmes pour justifier chaque jour leur position. Ces autoexigences démesurées conduisent au fil des années à un épuisement bien supérieur à celui des hommes, à poste égal. 

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Le syndrome de l’inposteur, illustration (yet.brussels)

Ce syndrome de l’imposteur subi est encore plus épuisant et harcelant harcelante quand les femmes doivent s’absenter pour un congé maternité. Lors de mon enquête terrain, j’ai fait la rencontre d’une commerciale dans l’agroalimentaire ayant connu une décompensation professionnelle. Durant l’entretien, elle m’a reporté les prémices de son burn-out à la suite d’un second congé maternité considéré par sa hiérarchie comme trop proche du premier.

Pour justifier son utilité et faire face aux critiques, cette femme a alors redoublé d’engagement dans son travail avant son départ, travaillant d’arrache-pied pour démontrer sa valeur et son implication. Ce surmenage de compensation s’est malheureusement opéré au détriment de sa santé et de sa grossesse, qui a connu des complications et a mené à un accouchement prématuré lié au stress, à sept mois de grossesse. 

Sortir du syndrome de l’imposteur - étape 1 : Prendre conscience de sa valeur personnelle 

En premier lieu, pour se défaire du syndrome, je conseille à mes clients de faire le point sur leur valeur personnelle. Il s’agit de noter tout ce qui construit votre légitimité sur le plan professionnel mais aussi ce qui fait de vous une personne de valeur sur le plan personnel. Pour cela, le plus efficace est de demander un retour sur vous à des personnes qui vous connaissent bien sur le plan personnel ou professionnel, ou les deux.

Choisissez des personnes qui ont suffisamment de recul sur vous et dont vous respectez le jugement et la sincérité. Si vous recevez des compliments, il ne sera pas ensuite question de les écarter en arguant que la personne « a voulu être gentille ».  

Vous pouvez ainsi demander à ces personnes de vous envoyer un retour écrit sur les questions suivantes : 

  • Quelles sont les qualités humaines que tu apprécies le plus chez moi ?  
  • Quelles sont les aptitudes / compétences professionnelles que tu me reconnais ?   
  • Sur quels sujets me demanderais-tu de l’aide car tu juges mes conseils / ma contribution supérieurs à la moyenne ?  

Réunissez tous ces retours positifs, notez-les et relisez-les chaque jour jusqu’à les connaître par cœur. Et désormais, à chaque fois que le doute s’insinue, récitez-vous mentalement cette liste.  

Sortir du syndrome de l’imposteur - étape 2 : Apprendre à reconnaître ses réussites quotidiennes  

La personne souffrant du syndrome de l’imposteur va avoir tendance à se concentrer sur ses manques, sur ses échecs plutôt que sur ses réussites qu’elle considère comme normales. Ainsi, si sur une journée le taux de réussite est de 85%, plutôt que de saluer sa haute performance et de se concentrer sur ce chiffre de 85%, la personne souffrant du syndrome de l’imposteur ne verra que les 15% qui lui manquent ; et ces petits 15% transformeront malheureusement le 85% en 0.  

Pour réussir à voir le verre à moitié plein, je conseille d’opérer un travail de restructuration cognitive qui peut être fait seul, sans avoir besoin d’un praticien. Cela consiste à induire un nouveau regard plus bienveillant sur vos accomplissements quotidiens.

L’idée est de noter chaque jour au minimum 5 choses que vous avez réussies. Il peut s’agit de petites choses comme réussir un gâteau pour l’anniversaire de votre enfant, un petit compliment reçu d’un collègue, ou d’accomplissements plus significatifs comme le fait de décrocher un contrat important avec un nouveau client.

Cette induction cognitive, disciplinée au quotidien, va peu à peu installer une nouvelle façon plus positive de voir le monde. La plasticité cérébrale jouera en votre faveur et votre cerveau se placera peu à peu sur un autre mode, ouvert à l’information positive et au regard bienveillant. Il sera plus concentré sur les signaux positifs qu’il percevra plus facilement et aura tendance à accorder moins d’importance aux informations négatives.

Il faut en moyenne 21 jours pour que le cerveau installe un nouveau mode par défaut. C’est bien peu au regard de ce que vous avez à gagner. À vos carnets ! 

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Le phénomène de l’imposteur, Illustration psychologie

Sortir du syndrome de l’imposteur - étape 3 : s‘approprier ses réalisations 

Pour achever le processus et se défaire de façon durable du syndrome de l’imposteur, il convient de réussir à s’approprier pleinement ses réussites. C’est l’unique façon pour réussir à se reconnaître une vraie valeur et pour se sentir suffisamment légitime pour la défendre aux yeux des autres. Pour cela, je recommande de passer en revue une quinzaine d’accomplissements qui comptent pour vous.

Choisissez des faits, réalisations, réussites qui ont du sens pour vous. Qu’importent que ces évènements aient changé ou non le cours de votre vie, ils doivent simplement résonner pour vous. Ce peut être une mention obtenue à un diplôme, ou simplement le fait d’avoir réussi à mettre une bonne ambiance dans une équipe de travail.  

Une fois cette quinzaine d’évènements identifiés, créer trois colonnes : 

  • observez les pensées automatiques attachées à ce succès (j’ai eu de la chance, c’est juste parce que j’ai beaucoup travaillé, j’ai réussi parce que c’était facile, c’est grâce au hasard…). Remarquez-vous des schémas de pensée qui se répètent ? Savoir les identifier permettra de désamorcer les pensées négatives plus rapidement et d’éviter qu’elles s’installent 
  • désormais, placez-vous en observateur extérieur et détaillez de façon tangible les actions et compétences qui vous ont permis d’obtenir ce résultat  
  • notez-les ensuite sous forme d’affirmations et veillez à utiliser le « je »: « J’ai la compétence de… », « Je suis capable de… », « Je réussis souvent grâce à ma… ». 

Ces trois méthodes représentent une stratégie efficace pour commencer à désamorcer le syndrome de l’imposteur. En additionnel, un accompagnement peut permettre d’accélérer le travail et de l’ancrer encore plus profondément tout en restaurant de façon robuste une estime personnelle et une confiance en soi écornées.

Vous pouvez nous appeler pour un échange gratuit d’une demi-heure pour faire le point et discuter des solutions possibles, ajustées à votre situation et aux objectifs que vous souhaitez atteindre.  

Si vous souhaitez aller plus en profondeur dans la compréhension du syndrome de l’imposteur, reportez-vous à l’étude : The impostor phenomenon dans le Journal of Behavioural science. 

Je suis coach et formatrice et je vous aide à surmonter des épreuves et challenges professionnels

Emmanuelle Wyart Coach Formatrice épanouissement professionnel

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