Comment guérir du burn-out ? Sous réserve de mieux s’écouter tout en prenant soin de son corps, il est possible d’atteindre un niveau d’équilibre qui renforcera votre sentiment d’épanouissement mais boostera aussi vos performances.
1- Guérir du burn-out en refaisant connaissance avec soi
La plupart des personnes que j’accompagne en pré ou post burn-out se sont oubliées en chemin. Pressurisées par des objectifs ambitieux, des délais intenables et des contextes à haut niveau de stress, ces personnes se sont sorties de l’équation. Elles se sont mises de côté en tant que personnes, pour devenir des êtres de travail principalement centrés sur leur Moi professionnel.
Cette coupure de communication avec le Moi personnel est dangereuse. Comment prendre soin de soi si on ne sait plus quels sont nos besoins ? Comment assurer un équilibre vie personnelle / vie professionnelle si on n’a plus aucune idée de ce qui nous fait du bien en dehors du travail ?
Mes conseils pour rétablir la connexion avec soi : retrouver du plaisir en dehors du travail, un niveau de plaisir et d’accomplissement supérieur à ce qui est vécu dans la sphère professionnelle. Pour cela, quelques questions à méditer :
- Quels sont les activités qui vous ont apporté le plus de bonheur dans votre vie ?
- Quand ressentez-vous le plus de joie, ou de plaisir ?
- Quelles sont les personnes qui vous font le plus de bien ? (stimulation intellectuelle, sentiment d’appartenance à un groupe, partage, humour…)
- Quels sont les endroits dans lesquels vous vous sentez le mieux ?
- Quelles activités personnelles faites-vous sans voir le temps passer ?
2- Faire de ses besoins une priorité, la clé pour guérir du burn-out
Avez-vous déjà rogné sur votre sommeil, le temps que vous passez avec votre famille ou vos amis à cause de vos obligations professionnelles ?
- Avez-vous déjà repoussé ou annulé des rdv médicaux en raison de votre travail ?
- Vous arrive-t-il de ne pas prendre de pause déjeuner ou de l’expédier ?
- Combien de fois êtes-vous allé travailler en étant malade ?
- Peut-être vous est-il même déjà arrivé de ne pas poser un arrêt maladie pourtant prescrit par votre médecin ?
Pris de façon isolés, ces manquements à soi-même ne sont pas forcément graves. Mais c’est l’accumulation de ceux-ci sur une trop longue période qui peut avoir de grave conséquences sur votre santé physique et psychique :
- Moins dormir entraîne des troubles de la concentration, de la mémorisation, de l’attention. Le manque de sommeil altère aussi votre capacité à faire face au stress au quotidien.
- Manger trop vite, trop ou pas assez ou privilégier trop souvent une nourriture de restauration rapide est dangereux sur le long terme. Troubles gastriques, risques de diabète, augmentation des risques cardiovasculaires.
- Repousser des rdv médicaux entame vos forces de résistance sur le long terme si vous ne recevez pas le traitement adéquat dans les temps. Sans compter les risques de développer des pathologies plus graves.
- Prioriser votre travail sur votre famille ou vos amis de façon systématique vous éloignera de votre principal système de soutien affectif. Cela ne fera qu’aggraver l’engrenage, au profit d’une surprésence professionnelle toujours plus délétère.
Quelles actions concrètes pourriez-vous mettre en place pour :
- passer plus de temps avec ceux qui comptent ?
- prendre davantage soin de votre corps et de votre santé ?
- mettre en place une organisation qui vous permette de mieux manger ?
- prendre du temps rien que pour vous pour faire une activité plaisir, défaite de toute performance ou obligation ?
Inscrivez ces rendez-vous avec vous mêmes dans votre agenda, à l’avance.
3- L’arme anti-burn-out : Décorreler son estime personnelle de la reconnaissance professionnelle
Je le constate chaque jour avec les personnes que j’accompagne : beaucoup sont addicts aux modalités de reconnaissance professionnelle. Et ces feedbacks professionnels, savamment calibrés à grand renfort d’outils managériaux issus de la psychologie, stimulent efficacement notre circuit de la récompense.
En effet, les circuits de la récompense sont alors activés de façon plus fréquente et plus intense que dans la sphère personnelle. Il n’est pas étonnant qu’une addiction au travail s’installe. Le travail devenant notre principal outil de réalisation personnelle. Le recouvrement de la sphère personnelle par la sphère professionnelle est alors complet.
Comment s’accorder de la valeur autrement que par le vecteur travail ?
– Augmenter sa présence auprès de sa famille en apportant de l’aide, un soutien.
Ce peut être aider un proche en situation de dépendance, prendre en main un enfant en difficulté scolaire ou psychologique, soutenir votre conjoint en plein challenge professionnel … Se mettre au service de l’autre apporte bien plus qu’une reconnaissance basée sur un feedback uniquement professionnel.
– Développer une compétence ou un savoir faire extra professionnel.
Quelle activité avez-vous toujours rêvé d’exercer ? Quelles compétences vous manquent aujourd’hui et vous font vous sentir dépendants des autres ? En apprenant de nouvelles choses et en développant ses savoirs faire, on augmente son sentiment de contrôle et d’accomplissement.
– S’investir dans une cause qui nous dépasse.
Ça peut paraître simplet mais donner un peu de son temps à une association est très enrichissant. Cette démarche apporte de l’énergie. De nombreuses études en psychologie ont démontré les impacts positifs d’un engagement pour une cause. Gain en termes d’estime personnelle, de confiance en soi, de sentiment d’appartenance. Autant de dimensions qui sont de puissants anti-burn-out
4- Pour guérir du burn-out : refaire de sa santé une priorité
Un point commun aux personnes qui ont connu le burn-out : ils ont oublié qu’il avaient un corps. Sans prendre soin de son corps, l’intellect ne peut fonctionner efficacement. Le corps et nos différentes fonctions sont ce qui permet d’apporter de l’énergie à notre cerveau. Sans cela, il ne peut fonctionner de façon adéquate.
C’est parfois difficile à admettre dans notre société. On prône l’hyperperformance et il est souvent valorisé de travailler 12h par jour, de ne pas dormir et d’être tout le temps débordé. Et pourtant, rien n’est plus dangereux.
Si on prend l’analogie d’une voiture, il vous est impossible de rouler sur une longue distance sans essence, huile ou liquide de refroidissement. Il peut être possible de tenir quelques kilomètres, mais le risque est d’endommager le moteur de façon irrémédiable. Pour votre corps, c’est la même chose. L’épuisement peut laisser d’importantes cicatrices dont il est parfois impossible de se remettre.
Quelques conseils :
- Être attentif aux signaux que vous envoie votre corps : douleurs, infections, contractures, maladies (voir ensemble des symptômes du burn-out sur le site de la HAS)
- Prendre soin de son sommeil : dormir au minimum 7h par jour, se coucher à heure fixe le plus possible, éloigner les écrans au moins une heure avant le coucher
- Opter pour une alimentation équilibrée : aliments à index glycémique bas (pour éviter les pics hyperglycémiques souvent suivis d’hypoglycémies consommatrices d’énergie), aliments frais, aliments non processés à haute valeur en nutriments, apports variés couvrant toutes les familles d’aliments…
5- Pratiquer une activité physique régulière
Des études récentes ont montré un impact positif d’une pratique sportive à partir d’une heure par semaine. Il y a tout à gagner à mettre en place de bonnes habitudes :
– La pratique d’une activité sportive permet de protéger l’organisme des effets nocifs du stress :
L’activité sportive permet notamment de contrer les effets des hormones du stress (glucocorticoides, cortisol) qui mettent jusqu’à 6 heures pour être évacués de notre organisme.
– Pour stimuler la performance intellectuelle :
La pratique du sport permet aussi de stimuler la production de neurotransmetteurs et de facteurs neurotrophiques stimulant la croissance des neurones, leur fonctionnement et les connexions établies entre eux. Le sport améliore donc les performances intellectuelles.
– Pour rééquilibrer le système nerveux autonome :
L’équilibre du sympathique et du para sympathique (les deux parties du système nerveux autonome qui fonctionnent en inhibition réciproque) est essentiel pour maintenir un état de santé, aussi appelé « homéostasie ». Le fait de respirer profondément lors d’une pratique sportive permettrait de restaurer le parasympathique (partie responsable des fonctions liées au repos et à la récupération).
Pour savoir si vous êtes en burn-out, n’hésitez pas à vous informer sur les phases qui précèdent le burn-out.
Le test MBI (Maslach burn-out inventory) est aussi disponible en ligne. Une version plus complète de ce test est disponible dans l’ouvrage Burn-out : ce n’est pas votre faute mais c’est peut-être votre chance (Editions First)